Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/43

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les adorations et les sarcasmes, ressentant au centuple les souffrances qu’il infligeait, et ayant alors des retours adorables, des repentirs éloquents, sincères, irrésistibles, pendant lesquels il se détestait, s’humiliait, prenait un plaisir cruel à faire saigner son cœur perpétuellement douloureux. A d’autres instants, il était dandy, mondain, étincelant d’esprit et persifleur ; à d’autres encore, il ne bougeait d’avec les jeunes filles, dont la pureté le ravissait et qu’il faisait valser indéfiniment en causant bagatelles et chiffons. En résumé, un être complexe, point inoffensif, tant s’en faut, et qui faisait quelquefois peur aux femmes qu’il aimait, mais ayant de très grands côtés et rien de petit ni de bas ; un être séduisant, attachant, et qui ne pouvait être que malheureux.

Les contemporains l’ont vu à tour de rôle sous ces divers aspects, et ils ont porté sur lui des jugements contradictoires qui contenaient tous une part de vérité.