Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/45

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Le critique (il signe F.) s’excuse ensuite auprès de ses lecteurs « de traîner leur vue sur les poésies de M. de Musset », et il analyse le volume avec de grandes marques de dégoût. Les fautes de français le révoltent, les rejets le blessent, les termes réalistes, tels que pots ou haillons, lui font mal. Le pauvre homme !

Le Figaro (4 février) se défie. Il a peur de se laisser prendre à quelque plaisanterie : « Son livre est-il une parodie ? Est-ce une oeuvre de bonne foi ? » Tout considéré, Figaro conclut à la bonne foi, et il en est d’autant plus indigné. Il gronde le jeune auteur de commencer « sa vie poétique » par les exagérations et les folies, et lui montre à quoi il s’expose : « Le ridicule, une fois imprimé sur un front ou sur un nom d’écrivain, y reste souvent comme une de ces taches, qui ne s’effacent plus, même à grand renfort de savon et de brosse. » M. de Musset mérite d’éviter ce triste sort, car il y a çà et là des traces de talent dans son recueil, malgré son « mépris pour les lois du bon sens et de la langue ».

Le même jour, le Temps constate qu’une partie du public a cru à une parodie. Il trouve, pour sa part, une inspiration très personnelle dans les vers du nouveau venu. Il reconnaît qu’il y a là des images charmantes et des dialogues étincelants. Mais les caractères ne se tiennent pas ; par exemple, la Camargo « contredit à chaque instant la nature de son âme italienne par des formes de langage abstrait, par