Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/46

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des exclamations métaphysiques, par des images et des comparaisons tout à fait en dehors du monde matériel et moral de l’Italie ». Serait-il possible que le critique du Temps n’eût pas reconnu dans les Marrons du feu la double parodie d’une tragédie classique et de la forme romantique ? La Camargo, c’est Hermione, obligeant Oreste (l’abbé Annibal) à tuer Pyrrhus (Rafaël) et l’accueillant ensuite par des imprécations. Le respect de « la nature de son âme italienne » avait été le moindre souci de l’auteur, et il était dans son droit.—Dans le même article, sur Mardoche : « D’un bout à l’autre, c’est une énigme dépourvue d’intérêt, pauvre de style et platement bouffonne ».

La Quotidienne (12 février) est relativement aimable. Elle voit dans le débutant « un poète et un fou, un inspiré et un écolier de rhétorique » ; dans les Contes d’Espagne et d’Italie un « livre étrange », où l’on est ballotté « de la hauteur de la plus belle poésie aux plus incroyables bassesses de langage, des idées les plus gracieuses aux peintures les plus hideuses, de l’expression la plus vive et la plus heureuse aux barbarismes les moins excusables ». Don Paez témoigne d’un véritable sens dramatique et contient des observations profondes, des détails d’une grande richesse de poésie. D’autre part, c’est un poème « où se presse du ridicule à en fournir à une école littéraire tout entière ». Le même critique déclare dans un second article (23 février) qu’il y a « plus d’avenir » dans M. de Musset « que dans