Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/47

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aucun des poètes de notre époque », compliment qui a trop l’air d’avoir été mis là dans le seul but d’être désagréable à Victor Hugo ; mais il faut, ajoute le journal, que l’ « enfant » se mette à l’école s’il veut arriver à quelque chose.

Le Globe, qui témoignait aux romantiques assez de bienveillance, commence (17 février) par constater l’existence d’un parti avancé pour lequel « M. Hugo est presque stationnaire,… M. de Vigny classique », et M. de Musset le seul grand poète de la France. Il avoue qu’en ce qui le concerne, la première impression a été mauvaise : « Deux choses étonnent et choquent d’abord dans les poésies de M. de Musset : la laideur du fond et la fatuité de la forme ». A mesure qu’il avançait dans sa lecture, il a aperçu « quelques beautés ; puis ces beautés ont grandi, puis elles ont dominé les défauts », et le critique n’a plus été sensible qu’à la franchise de l’inspiration, à la force de l’exécution, au sentiment et au mouvement qui manquent à tant d’autres poètes. Il est vrai que M. de Musset exagère quelques-uns des défauts de la nouvelle école ; celle-ci « rompt le vers, M. de Musset le disloque ; elle emploie les enjambements, il les prodigue ». Néanmoins, malgré les Marrons du feu, qui « révoltent » et « dégoûtent » l’auteur de l’article, malgré Mardoche, qui a l’air écrit par un « fou », les Contes d’Espagne et d’Italie annoncent « un talent original et vrai ».

La critique la plus vinaigrée est demeurée inédite. Elle arriva de Vendôme. La tante chanoinesse avait