Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/53

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dont l’obscurité s’accroissait par le plus étrange pêle-mêle d’enfantillages de collégien[1], et de vers de haut vol, de ceux que le génie trouve et que le talent ne fabrique jamais, quelque peine qu’il y prenne.

    Ulric, nul œil des mers n’a mesuré l’abîme,
    Ni les hérons plongeurs, ni les vieux matelots.
    Le soleil vient briser ses rayons sur leur cime,
    Comme un soldat vaincu brise ses javelots….

    C’est ainsi qu’un nocher, sur les flots écumeux,
    Prend l’oubli de la terre à regarder les cieux….

    Heureux un amoureux ! . . . . . . .
    . . . . . . . . . . . . . . . . .
    On en rit, c’est hasard s’il n’a heurté personne ;
    Mais sa folie au front lui met une couronne,
    À l’épaule une pourpre, et devant son chemin
    La flûte et les flambeaux, comme au jeune Romain.

Comment un livre aussi déraisonnable, plein d’exagérations et de disparates, n’aurait-il pas choqué les esprits corrects et réjoui les fous ? Les bonnes gens eurent la consolation de pouvoir dire en toute vérité que le succès des Contes d’Espagne et d’Italie tenait du scandale.

Le coupable se tenait coi et réfléchissait. Il trouvait de la vérité dans certaines critiques et se préparait à l’évolution que son tempérament poétique rendait inévitable dès qu’il serait hors

  1. . . . . pour la petitesse De ses pieds, elle était Andalouse et comtesse On en pourrait citer de moins innocents.