Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/82

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lui entendre dire qu’elle est heureuse ; c’est le seul adoucissement à son chagrin (15 juin).

George Sand à Musset (26 juin). Elle annonce l’intention de ramener Pagello avec elle et recommande à Musset de faire fi des commérages : « Ce qui pourrait me faire du mal, et ce qui ne peut pas arriver, ce serait de perdre ton affection. Ce qui me consolera de tous les maux possibles, c’est encore elle. Songe, mon enfant, que tu es dans ma vie à côté de mes enfants, et qu’il n’y a plus que deux ou trois grandes causes qui puissent m’abattre : leur mort ou ton indifférence. »

Musset à George Sand (10 juillet) : «…. Dites-moi, monsieur, est-ce vrai que Mme Sand soit une femme adorable ? » Telle est l’honnête question qu’une belle bête m’adressait l’autre jour. La chère créature ne l’a pas répétée moins de trois fois, pour voir si je varierais mes réponses. »

« Chante, mon brave coq, me disais-je tout bas, tu ne me feras pas renier, comme saint Pierre[1]. »

La venue de Pagello à Paris fut la grande maladresse qui gâta tout. Il y a de ces choses qui paraissent presque naturelles en gondole, entre poètes, et qui ne supportent pas le voyage. Le retour de Musset, seul et visiblement désemparé, avait déjà provoqué de méchants propos, qu’il s’était vainement efforcé d’arrêter. George Sand non plus n’avait pu faire taire ses amis. Elle leur disait : « C’est la seule (

  1. Revue bleue, 15 octobre 1892.