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Page:Barni - Manuel républicain.djvu/24

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LES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES.

un attentat aux droits des citoyens. Le respect de ces droits, qui doit être la règle du gouvernement républicain, limite donc la souveraineté populaire, à moins qu’on ne veuille prétendre que cette souveraineté est elle-même affranchie de toute loi. Au-dessus d’elle sont les lois éternelles de la justice, qui seules sont souveraines, dans le sens absolu de ce mot ; quand elle les viole, elle cesse d’être légitime et respectable.

Il résulte aussi de là que le suffrage universel ne peut avoir la vertu d’amnistier un crime public, comme, par exemple, le coup d’État du Deux-Décembre. Il peut sans doute, dans la limite marquée par la justice, défaire ce qu’il a fait ; mais il ne saurait changer le mal en bien, et faire que la violence devienne le droit.

Quelle que soit d’ailleurs l’origine du despotisme monarchique, et de quelque nom qu’il s’appelle, roi ou empereur, le suffrage universel ne peut le sanctionner ; car tout pouvoir absolu est une usurpation sur les droits des citoyens, et le peuple, en le consacrant, s’abdique lui-même, ce qui est contradictoire.

En résumé, institué pour représenter les droits de tous et assurer une juste administration de la chose publique, le suffrage universel manque à sa mission et se tourne contre lui-même, quand il devient un instrument de despotisme.