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Page:Barni - Manuel républicain.djvu/31

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L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

L’œuvre de l’instruction publique demeurerait incomplète si elle ne s’étendait aux jeunes filles. Sans doute, elles ne sont point appelées à participer, comme les hommes, aux affaires de la politique : la vie publique ne sied pas en général à leur nature, et c’est surtout au foyer domestique qu’est leur place, parce que c’est là que leur destination a tracé leurs devoirs, comme filles, comme épouses comme mères ; mais la république n’en est pas moins intéressée à leur assurer l’instruction sans laquelle elles ne sauraient remplir dignement leur rôle dans la société.

Ce point a été jusqu’ici, chez presque tous les peuples, beaucoup trop négligé, par suite de cet absurde préjugé qui rabaisse les femmes au rang de créatures inférieures, et faisait dire à nos aïeux, suivant le propos rapporté par le Chrysale de Molière :

…Qu’une femme en sait toujours assez
Quand la capacité de son esprit se hausse
À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse.

C’est ainsi qu’en les entretenant systématiquement dans l’ignorance de tout ce qui éclaire l’esprit et élève l’âme, on a développé en elles les idées fausses et les goûts frivoles, qui, à la place de l’action bienfaisante qu’elles devraient exercer, rendent leur empire trop souvent pernicieux. Il faut combattre l’ignorance comme un fléau non moins funeste chez les femmes