Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/217

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draient Allemands. Tous auraient bien voulu s’en aller, mais quitter son pays, sa maison, ses champs, son commerce, c’est triste, et beaucoup ne le pouvaient pas. Ton père disait qu’il fallait demeurer et qu’on serait bientôt délivré. C’était le conseil que donnait Monseigneur Dupont des Loges. Et puis la famille de V… nous suppliait de rester, à cause du château et des terres. Quand arriva le dernier jour, une foule de personnes se décidèrent tout à coup. Une vraie contagion, une folie. Dans les gares, pour prendre un billet, il fallait faire la queue des heures entières. Je connais des commerçants qui ont laissé leurs boutiques à de simples jeunes filles. Croiriez-vous qu’à l’hospice de Gorze, des octogénaires abandonnaient leurs lits ! Mais les plus ré-