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Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/218

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solus étaient les jeunes gens, même les garçons de quinze ans. « Gardez vos champs, disaient-ils au père et à la mère ; nous serons manœuvres en France. » C’était terrible pour le pays, quand ils partaient à travers les prés, par centaines et centaines. Et l’on prévoyait bien ce qui est arrivé, que les femmes, les années suivantes, devraient tenir la charrue. Nous sommes montés, avec ton grand père, de Gorze jusqu’ici, et nous regardions tous ces gens qui s’en allaient vers l’Ouest. À perte de vue, les voitures de déménagement se touchaient, les hommes conduisant à la main leurs chevaux, et les femmes assises avec les enfants au milieu du mobilier. Des malheureux poussaient leur avoir dans des brouettes. De Metz à la frontière, il y avait