Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/219

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un encombrement, comme à Paris dans les rues. Vous n’auriez pas entendu une chanson, tout le monde était trop triste, mais, par intervalles, des voix nous arrivaient qui criaient : « Vive la France ! » Les gendarmes, ni personne des Allemands n’osaient rien dire ; ils regardaient avec stupeur toute la Lorraine s’en aller. Au soir, le défilé s’arrêtait ; on dételait les chevaux ; on veillait jusqu’au matin dans les voitures auprès des villages, à Dornot, à Corny, à Novéant. Nous sommes descendus, comme tout le monde, pour offrir nos services à ces pauvres camps volants. On leur demandait : « Où allez-vous ? » Beaucoup ne savaient que répondre : « En France… » Et quand ton grand-père leur disait : « Comment vivrez-vous ? » Ils répétaient obstinément :