Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/227

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– Oui, qu’est-ce qu’ils mangent ? reprenait Madame Baudoche. C’est admirable, Monsieur le docteur, comme vos compatriotes savent se nourrir partout.

Elle dit cela avec une âpreté qui surprit les deux jeunes gens, car ils n’avaient vu, dans toute cette journée pleine de souvenirs où s’écorchait la vieille Messine, que la surface, une belle nappe lisse et brillante sous leur regard ignorant.

Colette craignit que le professeur ne fût offensé.

– Ma grand’mère aime à taquiner, dit-elle, après qu’ils eurent gagné quelque avance sur la vieille dame un peu lasse. Elle n’est pourtant pas injuste, vous le savez. Elle reconnaîtra toujours ce qu’il y a d’honnête et de loyal chez vos com-