Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/230

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Il ajouta d’une voix basse, mais distincte :

– C’est insupportable, ce qu’on se permet ! Voilà trente-sept ans que nous sommes dans le pays. Ces voyous auraient eu le temps d’apprendre l’allemand.

Cette querelle fit horreur à M. Asmus, car, durant tout ce jour, il avait maintenu en lui un état d’esprit calme et bienveillant et voici qu’on venait troubler la pureté de ses impressions. Il sentait la petite Colette bouleversée d’une telle injure. Ce fut pis, quand le bonhomme messin, rouge de colère et repoussant sa prudente épouse, riposta :

– Je parle la langue que je veux. Et ce n’est pas vous, jeune freluquet…

Le freluquet bondit, la main levée.