Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/185

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qu’on lui refuse des œufs, qu’il n’a pas trouvé de charrette pour le mener à Nancy ! La nuit de Noël vit éclater leur malice.

Pour cette fête solennelle, l’Oblat ne put décorer son sanctuaire qu’avec des lambeaux de vieilles robes d’enfant de chœur, des chandeliers rouillés et des fleurs noires de poussière ; et tandis qu’il officiait pour un tout petit groupe de fidèles, il entendait les Baillard et leurs partisans chanter la messe dans leur chapelle toute brillante des dépouilles de l’église.

Les sœurs avaient rassemblé tous leurs pots de fleurs, qu’elles avaient garnis de la plus belle variété de roses en papier, et tous les chandeliers du couvent, des chandeliers grands et petits, et même ceux de la cuisine. Cette centaine de feux projetait de magnifiques moires sur le damas rouge et jaune. Quatre anges, l’épée fleurdelisée à la main, occupaient les gradins de l’autel et faisaient une garde d’honneur à un étincelant candélabre à trois branches.

Cette messe de minuit, dans un décor si nouveau, fut un réel succès pour les Baillard. Presque tout le village était là, attiré par la cérémonie et par l’espoir du réveillon que, sous le nom d’agape exceptionnelle, Léopold