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Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/415

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LA COLLINE INSPIRÉE

village fut rassemblé devant la porte. Avant de laisser entrer ce monde, l’Oblat pénétra chez Léopold, et quand il n’y avait encore dans la chambre qu’eux deux, pauvres prêtres, et le divin Sauveur, il s’agenouilla et fit dans son âme cette prière :

— Ne permettez pas, Seigneur, que je commette un indigne abus de votre Sacrement ! Ne permettez pas que la dernière communion de ce malheureux prêtre soit un sacrilège ! Si vous le voulez, vous pouvez le purifier ! Venez, Seigneur Jésus, voilà que votre ami est malade ! Si vous l’abandonnez, qui donc le sauvera ?

Puis se relevant, il déclara à Léopold que son devoir était, avant de lui administrer le saint viatique, de lui faire signer publiquement un acte de rétractation et de le relever des censures.

— Je le veux bien, dit le malade.

Cependant, les gens du village se glissaient, les uns après les autres, dans la chambre. Comme à l’église, les femmes formaient un groupe séparé de celui des hommes. Tous se taisaient. L’Oblat, d’une voix lente et solennelle, commença la lecture de l’acte de rétractation :

« Au nom de la Très Sainte-Trinité, Père,