désert, cette femme harassée fait un peu pitié. Elle est bien à cinq kilomètres de la plus proche station de fiacres. Cela pourtant ne suffit pas à m’expliquer que François Sturel ait tressailli.
— Mais — dit madame de Coulonvaux, en Parisienne qui connaît les rues, les fiacres, les tramways et le bois, — ils continuent vers Billancourt : ils tournent le dos à Paris… Peut-être qu’ils ignorent leur chemin.
— On devait au moins les prévenir, dit la jeune fille.
Et elle s’étonne secrètement que son ami n’ait pas offert de monter à côté du cocher pour donner place à cette inconnue. Une fois, à Carlsbad, des étrangers les ont ainsi recueillies, elle et sa mère, qui s’étaient égarées. « C’est sans doute par délicatesse, il ne veut pas mêler à nous n’importe qui ! »
Mais pour François Sturel, ce n’est pas une inconnue. Il est loisible à ces dames d’oublier ; lui ne s’y trompe pas. L’éclair des lanternes, passant moins d’une seconde sur ce visage, lui a révélé madame Astiné Aravian. Il ne l’a pas clairement reconnue, il l’a devinée d’amour. Mais jamais ce visage, il ne le vit marqué de cette inexprimable angoisse. Et ces-deux hommes qui se tenaient en arrière, qui baissaient leur chapeau au passage de l’étroit rayon de lumière, n’est-ce pas Mouchefrin, Racadot, avec son éternelle serviette sous le bras ?
Thérèse Alison est triste de s’être montrée égoïste dans son bonheur. L’excellent petit être voudrait avoir rendu service à cette inconnue. Mais Sturel est dominé par le fort symbolisme de cette apparition. Ce n’est point un mouvement de sensiblerie pour des