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BERTHA ET ROSETTE

Sam avait voulu qu’elle achetât elle-même son billet pour Québec. « Achetez un billet simple, » avait dit l’Américain, et Rosette avait obéi avec un serrement de cœur.

Mais une fois installée dans un banc en compagnie de ce bel Américain, si empressé, si galant, elle oublia tout : sa foi, sa nationalité, les leçons de droiture et d’honneur reçues dans la maison paternelle et au couvent.

Son pays si beau ; le lac majestueux sur les bords duquel, elle avait passé son enfance. Le lac, miroir merveilleux où se voyaient le vert des champs, des bois et des montagnes. Son village, l’église coquette où elle avait reçu les sacrements de l’Église, où elle avait prié son Dieu avec la ferveur coutumière à ceux de son peuple. Pour la malheureuse perdue d’orgueil et d’ambition, tout cela ne comptait plus.

Pauvre elle ! Elle ne pensait qu’à une chose : elle était aimée, elle aimait. Et celui qu’elle avait pu ainsi conquérir, c’était un Monsieur.