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Page:Barrière-Flavy - Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France, Privat, 1893.pdf/48

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étude sur les sépultures barbares

« Quels sont ces premiers conquérants, - dit M. de Baye[1], - qui, en se repandant sur l’empire romain d’Occident, se substituèrent peu à peu à la civilisation latine alors en décadence, et apportèrent cet art nouveau ? N’est-ce pas ce peuple qui séjourna dans le sud de la Scythie, porta ses armes en Asie et occupa successivement la Dacie, la Mœzie, la Thrace et envahit la Rhétie, la Gaule et l’Italie ? Nous avons nommé les Goths. Ils étaient les plus puissants des Germains par l’autorité de leurs traditions, par la vigueur de leur constitution civile, religieuse, militaire, par le grand nombre de peuples qu’ils avaient rangés sous leurs lois. »

L’historien des Goths, Jornandès[2], ne désigne-t-il pas la Scythie comme pays où ces Barbares résidèrent longtemps, et n’emploie-t-il pas souvent le nom de Scythes pour désigner les Goths ?

En 1850 déjà, le Dr Rigollot, d’Amiens, reconnaissait l’origine scythique des Goths, s’accordant en cela avec les appréciations d’un savant allemand, Ch. Kaferstein[3]. Il constatait que vers le deuxième siècle de notre ère, on voit apparaître dans l’histoire une suite de peuplades qu’aucun lien politique ne semblait unir, mais qui, parlant la même langue, ayant les mêmes mœurs, appartenant à la même race, avaient vraisemblablement occupé depuis les temps les plus reculés la Scythie des anciens, ou plus précisément la Scythie-Gothie, située dans l’intérieur de la Russie actuelle, et qui s’étendait au loin au nord de la mer Noire[4]. D’ailleurs, il est aisé de remarquer que le Dr Rigollot assimile les Scythes aux Goths ; car, presque chaque fois qu’il est amené à parler de ces peuples, il les appelles les Goths ou Scythes[5]. Ajoutons que le savant orientaliste Klaproth fait observer que le nom de Scythe, donné par les anciens à un peuple qui habitait au nord de la mer Noire, a été étendu depuis à tous les peuples nomades qui ont occupé l’est de l’Europe[6].

C’est incontestablement de la Scythie que les Goths ont extrait ces bijoux, ces objets de toute sorte, qu’ils ont ensuite dispersés un peu partout dans leurs courses à travers l’Europe.

« La Scythie méridionale[7], - affirme M. Odobesco, - c’est à-dire la contrée comprise entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne, entre le Borysthène et le Iaxarte, entre le mont Caucase et les Rypées septentrionaux, cette contrée-là était reconnue par toute l’antiquité comme la patrie des richesses métalliques et

  1. J. de Baye, Le tombeau de Wittislingen (Bavière), pp.4 et 5.
  2. Jornandès, De origine actuque Getarum, lib.II.
  3. Ch. Kaferstein, Ansichten über die Keltischen alte1thümer... , 1846.
  4. Dr Rigollot, Recherches historiques sur les peuples de la race teutonique qui envahirent la Gaule au cinquième siècle.
  5. Id. in Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, t.X, p.131.
  6. Klaproth, Asia polyglotta, p.202.
  7. A. Odobesco, Antiquités scythiques, chap.VI. - J. de Baye, Industrie longobarde, p.133.