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Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/112

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toutes ses vagues ? Et quelle passion préférer à l’amour du danger !

D’ailleurs, il ne se souciait pas d’expliquer son cas et se laissait guider par son instinct aventureux. Ses raisons étaient sèches, mais son cœur restait sensible : d’où les contradictions de sa jeune impatience.

Il estimait que les erreurs sociales et toutes les faillites collectives sont le fait non tant des riches et des oisifs, jouissant d’un sort auquel d’autres aspirent, que des masses populaires elles-mêmes, compressibles et inertes. Pour changer le sort des humbles et des méprisés, il leur prêtait son âme. En réalité, sa compassion le conduisait ainsi à rudoyer les pauvres pour les relever, et à mépriser les naufragés de la vie, prostrés sur leurs radeaux sans vivres, et n’osant pas, de peur de la tempête, arborer la haute voile noire.

C’est qu’il connaissait le remède à leurs maux ; encore un peu de temps et son exemple terrifiant proclamerait l’efficace vertu.


Il s’inquiétait parfois d’avoir trop attendu. Pourrait-il toujours partir d’un bel élan,