Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/113

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avant les capitulations d’amour et de râtelier ? L’accoutumance ne viendrait-elle pas pour lui sournoisement avec, un sang plus lourd, une volonté moins disponible ? User toute la vie, l’expérimenter : soit ! cela était bien — pour renoncer, il faut connaître —, mais la dominer toujours et ne pas s’y engluer ; ne pas adhérer aux apparences ; être comme le nénuphar dans l’étang.

Le péril n’était pas de s’exposer à des tentations ; il eût été dans l’acceptation innocente et tranquille des joies moyennes.

Si le poison subtil de la satisfaction se mêle à son sang de révolté, Robert n’élira plus d’un geste dernier le peuple ni la mort ; l’immensité du monde se mirera pour lui dans les yeux d’une petite fille ; il deviendra semblable aux autres résignés.

Voilà pourquoi, sûr de lui-même, heureux d’avoir éludé tout retard à son destin en évitant de plus sérieuses amours, il se complaisait ce matin-là près de Mariette et laissait fuir l’heure sans remords.

Celle par qui sa vie eût été modifiée ne l’inquiétait plus. Son charme impérieux avait été conjuré par quelques passes nerveuses.