Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ce n’est pas la partie la plus noble de vous-même qui souffre.

— C’est ton instinct de jalousie, mon camarade, ajouta Brandal.

— Oui, je sais, et tant que nous n’aurons pas tué en nous ce vilain rongeur nous ne serons pas des hommes libres… Car nous devons aussi révolutionner la famille et la vieille théorie des passions — n’est-il pas vrai ?… Mais en attendant, nous sommes encore pétris de l’ancienne chair. Pardonnez-moi ma faiblesse et parlons d’autre chose.

— Non, dit Brandal avec une cruauté scientifique, cela est très intéressant. Nous touchons ici l’un des angles vifs de la Révolution. Un anarchiste ne doit pas être jaloux. Si l’instinct propriétaire ne pouvait être aboli dans l’amour et dans la famille, il serait partout légitime… Et dans ces conditions il serait bien difficile de réaliser jamais le communisme libertaire.

Robert se taisait.

— Qu’en pensez-vous, Robert ?

— Oui, dis donc toute ta pensée.

— J’étais à autre chose, à des choses indirectes.