Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/134

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Brandal qui s’intéressait plus aux sujets qu’à leur exécution.

— Un poème de rêve sur un fond brutal. J’y trouve du cauchemar, des extases de puberté et des visions de mois de Marie. C’est la légende dorée d’une petite souffre-douleur, fille d’un maçon brutal et alcoolique. Elle tombe dans un étang glacé ; on la retire à demi noyée ; on la couche dans un grand lit douillet ; elle délire ; sa douce mère défunte l’appelle dans la mort pour dormir, et l’âme de l’enfant martyre monte vers les limbes sur l’aile des anges.

— Une imagerie sentimentale.

— Le parterre a ricané parce que les anges de l’ascension avaient des ailes de papier.

Alors Brandal cracha son mépris de la presse.

Une même hostilité les accorda. Ils la disaient lâche, servile, vénale, désarmée devant les grands abus, inclinée devant les grandes compagnies et les monopoles, fermée aux revendications des petits, tout aux mains des manieurs d’argent et des puissants, édifiant sa fortune sur l’abrutissement systématique des masses… Un instrument à briser par la parole, expression directe du sentiment populaire.