Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fluctuaient, subissaient le contrecoup de l’actualité comme d’incertaines valeurs de bourse ; l’anarchiste mort occupait le monde plus qu’un auteur à succès, et marquait encore son sillage dans la vie parmi l’onde fuyante des consciences.

— Mais les victimes innocentes ? objectait Marchand.

— Je m’en tiens à l’opinion des feuilles gouvernementales, répliquait Meyrargues : « Tout est affreux dans cette lutte, mais elle est engagée. »


Du côté des anarchistes on pouvait observer une certaine effervescence ; mais ils étaient surtout fiers de leur importance nouvelle. Le public mal informé s’exagérait le caractère de leurs réunions privées, petites parlottes où d’astucieux compagnons s’amusaient à rédiger des manifestes qu’ils communiquaient ensuite aux journaux avides d’informations. Les quotidiens avaient institué une rubrique spéciale dédiée à l’anarchie : à côté des fragments révolutionnaires composés pour la circonstance, on y amplifiait les gestes des pochards et des plus falots casseurs