Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/157

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— Je sens que je vous aime éperdument et ne sais plus rien d’autre.

— Robert, vous avez vingt ans.

— J’en conviens, c’est ridicule… mais je voudrais mourir de cet amour.

— Laissez ces déclarations romanesques.

— Laure, si vous me repoussez, je suis perdu : j’ai tant besoin d’être aimé !

— Je vous repousse amicalement. Pourquoi voulez-vous que nous ajoutions un nouveau couple à ceux qui perpétuent la misère humaine ? Usons notre vie inutilement, ou plutôt affranchissons-nous des soucis ordinaires pour goûter des heures de beauté.

— Cela ne m’est pas possible, il faut toujours que je donne un but à mes actions, un but d’utilité générale. Contre cette faiblesse de ma nature, je ne voyais de recours que dans l’amour, dans votre amour ; mais vous m’enlevez cette consolation, vous me rejetez à l’existence des foules. Soit ! vous saurez du moins que j’étais prêt à vous consacrer ma vie. Puisse-je seul en porter le poids et la faire servir au bonheur commun.

— Pauvre ami, qu’avez-vous besoin de penser