Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/162

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navets, dit le peuple — un coin sans ombre et sans herbe garde la désolation de la terre nue ; des piquets le jalonnent ; c’est le cimetière des suppliciés. Là, rien qui redise leur nom ; l’empreinte de leur corps s’est effacée dans la glaise ; une gloire mauvaise reste d’eux, errante comme un fantôme de sauvagerie ; sur les gravats se projette l’ombre de l’homme primitif, et des gnomes dégénérés se barbouillent de la vase du fossé.

Meyrargues et Robert se dirigèrent sans tâtonner vers ce coin-là, guidés par une foule incessante.

Aucune mesure d’ordre n’avait été prise dans l’intérieur du cimetière. Les aides de M. Bertillon qui, les jours précédents, s’étaient contentés de braquer leurs appareils photographiques sur le tertre pour clicher les visiteurs, à seule fin d’offrir à M. Raynal un bouquet de suspects, n’avaient pas prévu que le public suivrait et gênerait leurs opérations.

Forçant le gros des curieux dévots et badauds, Meyrargues et Robert arrivèrent devant la tombe de Vaillant et se découvrirent. C’était,