Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/163

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parmi la foule, un étroit espace, un vide pieusement gardé ; et là tombaient comme dans un puits de pitié les fleurs jetées en pluie. Sur le haut sillon, s’entassaient des gerbes et des palmes, les plus délicates jacinthes, des œillets candides, des violettes d’amour, des rosés saignantes, des géraniums de gloire, des mimosas déliés venus des bords de la mer bleue. Ces fleurs étaient sincères comme les larmes des pauvres.

Des enfants se faufilaient ; des femmes au front bombé se lamentaient. Un vieillard leva son fils, un bébé pâlot, à bout de bras au-dessus de la foule : « Regarde, dit-il, là tombe du martyr. » Meyrargues jeta parmi les bouquets des humbles une grande gerbe d’iris noirs liée d’un ruban mauve, qui provoqua des admirations et des commentaires. Puis la foule retomba à son apitoiement, à ses silences, à son recueillement. Par moments, l’attention devenait extrême, et tous les assistants se taisaient, comme des oiseaux à la chute du jour.


Cependant des paroles devaient être prononcées ;