Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/164

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chacun les attendait avec anxiété ; une même oppression gonflait les poitrines ; mais les mots s’arrêtaient sur les lèvres timides, et les manifestants s’épiaient entre eux, sombres et curieux.

Un ouvrier imberbe s’avança, franchit le cercle réservé ; il portait le costume de drap gris des geindres endimanchés ; il ôta sa casquette et dit d’une voix incisive : « Vaillant, tu seras vengé ! » puis il se perdit dans la foule.

— Qui est celui-là ?

— Un mitron.

— Il n’a pas peur.

— Un vantard.

— Un policier.

— Possible.

— Où est-il passé ?

— Il a disparu.

— On le pincera à la sortie.

— Capons !

Des rudes visages s’enhardirent, s’éclaircirent.


Des manifestes imprimés furent lancés portant en grosses lettres : « À Carnot le tueur ! »