Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/165

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— Le droit de mort n’appartient qu’à la nature, dit un homme anguleux.

Tous les yeux se fixèrent sur lui, il n’ajouta rien, surpris lui-même d’avoir parlé.


Un aveugle décent, guidé par une jeune femme, monta sur la borne de pierre blanche historiée d’une devise latine : Labor improbus omnia vincit épie des mains inconnues avaient posée sur la tombe de l’anarchiste. Il souriait au peuple et regardait très loin vers le soleil. Il parla d’une voix douce :

« Dans sa léthargie, le peuple est un vivant enseveli. Il s’éveille parfois dans la nuit du tombeau, et convulsivement il cherche à briser les planches de son cercueil.

« Du fond des ténèbres, j’ai entendu ton cri de rage et de désespoir, ô Vaillant ! Tu as menacé les puissants, ceux qui vivent du peuple et ne le servent pas. Ton bras s’est levé ; mais tu as été ta seule victime. Et maintenant la terre emplit ta bouche… Hélas ! »


D’autres lui succédèrent, des ouvriers obtus, des femmes anémiées, des vieillards aux orbites