Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/166

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élargis par l’âge : tous disaient leur tristesse et leur espoir ; un enthousiasme contenu haussait le ton de leurs paroles ; leurs imprécations et leurs prières tombaient comme les répons alternés d’un hymne farouche. Sous leurs lamentations monotones, Meyrargues et Robert entendaient des choses profondes.

Un poète râpé, beau de misère et d’exaltation déclama :


Que ton souffle se mêle à la création !
Que la rosée de ton sacrifice mouille nos âmes stériles…
Que ton exemple unique soit comme l’eau d’un seul nuage qui fait
germer toutes les plantes dans la forêt.


Un guenilleux aux cheveux gras, à la face glabre et rusée, à son tour monta sur le tertre, agita ses bras comme un ivrogne :

— Ah, ah ! bonnes gens, ces individus, pour les appeler par leur nom, croyaient l’avoir bien caché, et qu’il n’en restait pas ça… Enfoui, disparu, quoi ! Mais attendez, moi j’étais là. Comme tous les matins, je ramassais des escargots — c’est mon métier, vous comprenez —