Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/167

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et j’ai tout vu. Ils l’ont enterré ici, oui, mais ce n’est pas tout… Ah, ah ! il y avait un panier de son rouge — vous comprenez — ils l’ont vidé contre le mur, dans un creux, puis ils ont roulé des pierres dessus… Attendez, vous allez voir ça… vous allez voir son sang… je vais vous montrer ça, moi !

Ce fut un délire religieux. Les femmes se partageaient un peu de cette sciure souillée, la nouaient dans un coin de leur mouchoir ; des hommes y baignaient leurs mains.

Un blousier grand et grison, rude comme un pâtre des Alpes, crut devoir protester :

— Qu’importe la dépouille humaine ! Ce sont les idées du camarade qu’il faut conserver.

— Il a raison.

— Un culte n’empêche pas l’autre.

— Je proteste contre le culte… oui, contre tous les cultes.

— Moi, contre la profanation… on trouble le repos d’un mort.

— Va donc, mouchard !

— Et bien moi… je ne suis pas conservateur… je voudrais pouvoir déterrer son corps, le promener dans Paris, montrer sa tête…