Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/176

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Le lendemain de la visite au cimetière, il se trouva seul avec Laure Vignon, l’heure de musique les rassemblant, comme ils avaient accoutumé, dans son atelier de l’avenue Trudaine, le lundi de trois à quatre. Elle avait apporté les sonates de Brahms.

Des tentures soyeuses de glaïeuls sur champ vert d’eau, quelques toiles impressionnistes lumineusement grises, un paravent de Vuillard, une source gelée en pâte de verre d’Henry Cros, encadraient leur récréation.

C’était le troisième concert-sonate : un plaisir délicat qu’il se donnait, une gerbe de joie dont il décorait le luxe amorti de son chez-soi.

Quand elle eut fini de jouer, pendant qu’elle égrenait encore d’une main légère un chapelet d’accords majeurs, après des compliments spécieux, il lui laissa entendre avec une politesse chinoise qu’il la désirait. Elle n’en fut point ouvertement choquée — c’était l’hommage dû — mais se refusa à être sa maîtresse pour les mêmes raisons invoquées devant Robert contre le mariage.

Meyrargues n’essaya pas de la plaisanter sur la préciosité de son goût. Il faisait peu de cas