Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/177

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du bon sens de Molière. Du reste Laure n’étalait point le jargon et les afféteries de l’hôtel de Rambouillet, mais une morale franche et hardie.

Assise sur le tabouret du piano, elle se retourna et fit face au flatteur, qui, le coude au bras du fauteuil, souriait à ses refus, à ses raisons.

— Toute autre chaîne qu’une sympathie désintéressée me serait pesante.

— Très romanesque et très inhumain aussi ce que vous dites-la.

— Faut-il donc être sensuelle pour être humaine ?

— Je le croirais.

Elle le fixa de ses calmes yeux de vierge forte aux pupilles larges, attentive à la pensée et négligeant l’épigramme. Comme elle le sentait adroit et insistant, un peu las moralement, incliné à l’épicurisme, elle afficha nettement son mépris de l’amour : elle y voyait une déchéance, une défaite, et se voulait garder.

— Voilà, dit Meyrargues, une apologie chrétienne fort bien déduite.