Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/178

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— Je ne suis point croyante.

— Quel orgueil vous pousse donc vers les hautes terres stériles ?

— Il ne me plaît pas d’être serve.

— Que vous êtes amusante !

— Vraiment ?

— Vous ne voulez pas comprendre : il ne s’agit pas de cela, mais du bonheur.

— Croyez-vous ? Admettons pourtant, ajouta-t-elle, impertinente. Je connais le verset : l’amour, c’est le bonheur, l’engourdissement, le narcotique… attendez ! Je n’ai pas besoin de dormir. D’ailleurs, je sais tout ce que la philosophie du bonheur peut excuser. N’avez-vous point un autre mot pour dire cela… lâcheté, par exemple ? Je crois au contraire que la souffrance est nécessaire, et que nous devons demander à la vie les plus nobles motifs de souffrir.

— Par esprit de renoncement, goût de l’épreuve, purification ?… comment l’entendez-vous, chère héroïne ?

— Par orgueil. Ne souriez pas. Le bonheur, la satisfaction, c’est quelque chose de si restreint, de si fini !