Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout. Les faits du jour s’étaient enrichis de sa propre image. Il avait eu un miroir autre que les chroniques où se voir agrandi. Ses rôderies cérébrales s’étaient définies. Il savait qu’il aurait peut-être un mot à ajouter aux conclusions des scribes. Ce « peut-être », à l’enfler, valait une foi.


Cependant un ministre de l’Intérieur s’était vanté à la tribune de la Chambre de donner la chasse aux anarchistes, et ses rabatteurs étaient entrés dans les fourrés parisiens.

Robert avait écouté l’approche de la meute, replié sur soi, mesurant le temps aux battements de son cœur.

Dans cette anxiété les jours passaient, demain existait.


Quand le jury, contre toute prévision, eut condamné Vaillant à la peine de mort, Robert s’était senti poussé en avant. C’était le destin qui l’appelait de sa grosse voix de régisseur ; simple avertissement, inutile d’ailleurs à celui qui est prêt, mais le temps pour le tragédien scrupuleux de se reconnaître, de quitter