Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/191

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les camarades, de jeter au foyer l’indifférente cigarette.

Avant l’arrêt définitif, des pas restaient encore douteux et des espérances : le pourvoi, le recours en grâce, l’opinion publique.

Une femme avait gravi ces degrés, une sourde aux yeux pleurants s’était traînée sur toutes les marches de l’échafaud.

Robert, que la sentence finale n’intéressait pas moins, conservait l’allure effacée, pas prétentieuse, de son personnage simplement voulu. À mesure que le risque s’accroissait, l’enfant attentif devenait plus calme et gardait l’élégance du jeu dangereux.


L’inflexibilité du président Carnot le toucha brusquement.

Quand tomba la tête de Vaillant, Robert se dit : « À moi !… » Son âme se colla à cette âme expirante.

Il s’était offert, le sort l’avait désigné. Alors il était entré dans le cercle magique.

Pendant huit jours il souffrit, emporté, saignant sous la griffe de la fatalité qu’il avait élue, ravi vers des hauteurs où l’air respirable,