Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/200

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Robert en fut remué. En fermant les yeux il vit le pauvre. Il se le figura dans la cour humide de la rue Nollet, avec ses semelles spongieuses, près de la boîte aux ordures. Et la curiosité lui vint de le mieux voir, en face, réellement, de le regarder jusqu’à la douleur, attentivement comme un remords.

Il se pencha sur l’appui de la fenêtre, au-dessus de la gouttière, et, dans ce mouvement, le porte-plume qu’il portait à l’oreille tomba, tournoya comme un fétu et vint s’abattre sur le pavé gras.

Le chanteur des cours ne daigna pas ramasser l’objet inutile et leva seulement ses yeux affreux et sa face usée vers les étages supérieurs.

Il n’aperçut point Robert au bord du toit et brama plus haut sa détresse.

Une fenêtre s’ouvrit, essorant un trille de machine aux aciers légers. La couturière du troisième, dans un geste joli, jeta son sou enveloppé d’un chiffon de soie au mendiant qui remercia.

Robert aperçut dans ce mouvement la nuque de l’ouvrière aux lourds cheveux, la souplesse