Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui, nous déclarer contre la foule complice qui a permis cela, contre la foule inerte qui souffre tout, qui autorise tout, qui se croit irresponsable de sa misère et de l’injustice ?… la chasser des refuges où on la flatte, où on la grise, où on l’empoisonne !… frapper la foule des cafés, des cafés-concerts, des boîtes à musique et à ordures, des marchés de la prostitution !… la fouailler comme un bétail repu !… Et qu’elle se lève, et qu’elle s’élève enfin.

— Mais pourquoi la foule ?

— La foule est roi, Brandal ! c’est la foule qu’il faut tuer.

— J’entrevois dans ta folie quelque chose de terrible et de séduisant : une ambition sublime.

— Et ce que je disais un autre l’a fait ; ce que je désirais s’est accompli en dehors de moi : c’est effrayant ! Un silence grave les accorda.

— Tu te crois responsable. Et maintenant qu’il est arrêté, tu regrettes de l’avoir poussé en quelque sorte à sa perte.

— Cela et autre chose.