Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/211

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agents et une foule sauvage le suivaient de près en criant, en hurlant : « Arrêtez-le ! » Mais il les tenait en respect avec son revolver, et j’ai bien cru qu’il leur échapperait, d’autant qu’il gagnait du terrain sur les agents alourdis par leurs bottes. Il était tout près de moi. Je le vois qui fouille dans sa poche. Il en tire un portefeuille qu’il jette sur le trottoir. Le portefeuille roule dans le ruisseau. « À toi, camarade ! » qu’il me crie. Et la meute passe, me bousculant, me renversant. Mon chapeau était tombé d’un côté, ma canne de l’autre ; je me relève, et, cherchant mon chapeau, je ramasse aussi le portefeuille. Ils étaient trop enragés pour faire attention à moi. Bref ! j’entendais les coups de revolver qui claquaient au tournant de la rue, et toujours plus loin, comme des coups de fouet, et je me disais : Il décampe ! Que pouvais-je faire ? j’étais sans armes… Tu verras ce qui s’est passé ensuite dans les journaux. S’il avait eu une bonne arme au lieu d’une mécanique de bazar, il leur échappait sûrement. Il n’a cédé qu’après une lutte terrible. La foule voulait l’écharper.

— Et puis ?