Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/236

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qu’à la lecture, intérieurement.

— Je n’ai jamais entendu à l’orchestre les œuvres de Moussorgski — le Verlaine de la musique —, on ne les joue pas ; eh bien, cela sonne pour moi aussi net que du Schumann. Est-ce que vous avez besoin de voir jouer une tragédie de Racine ?

Mais, en dépit de sa verve hostile, la tentation s’insinuait en lui, et Meyrargues n’avait pas de peine à ébrécher ses raisons tranchantes. Il se débattait. À la fin, il crut avoir trouvé une défaite honorable.

— Je ne peux pas réduire mon instrumentation ; cela se tient tout ; elle est une et indivisible, comme la Révolution. Votre idée de quatuor seul est une imagination de chef de musique. Il nous faut tout l’orchestre ou rien.

— Va pour tout l’orchestre !

Du coup le bonnet de Mme Vignon pencha sur l’oreille.

— Ce n’est pas raisonnable, monsieur Meyrargues… où voulez-vous que nous le logions ?

— Nous le mettrons dans l’escalier, ma bonne, tonna M. Vignon : les cuivres au sixième et la batterie sur les toits.