Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/237

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Meyrargues caressait son grand menton avec une placidité narquoise.

— Nous pourrions, si vous le vouliez, avoir l’orchestre et la salle.

— Un orchestre et une salle ! Savez-vous ce que c’est qu’une salle ? Il n’y en a pas trois dans Paris. Berlioz leur préférait la forêt de Bade plus sonore et d’une meilleure sonorité. Naturellement nous ne parlons pas de la maison de Meyerbeer, ni du pied-à-terre de Boïeldieu.

C’est ainsi que M. Vignon désignait l’Opéra et l’Opéra-Comique.

Il continuait, lancé :

— Vous alliez peut-être m’offrir la salle à manger du Continental ou le hall du Casino de Paris ?… Et les chanteurs ? Avez-vous des chanteurs ? Et les chœurs ? Ne dites donc pas de bêtises.

Il tapait du poing sur sa partition rebondie, et sa face rosé de petit notaire rasé s’embellissait de colère et d’enthousiasme.

— Il y a tout cela ici, dans l’écriture : il suffit de savoir lire.

— Admettons que je sois un âne et que je n’aie pas d’oreille…