Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/261

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ralentir le pas, dans un mouvement d’artificieuse simplicité, et son profil de médaille impertinente s’aviva d’un reflet de gaz.

—  Passez-moi la camelote, dit-elle.

Et, sans attendre, elle lança les cartouches dans le fleuve.

Cela fit un « flouc  » à peine sensible.

—  Marche  ! dit Robert roidi d’une subite énergie. Il prit la valise des mains de Brandal.

—  Laisse-la-moi… Je veux la voir tomber. Il se pencha sur l’eau, tenant la valise par les poignées de cuir, et tout son corps s’allongeait, débordait les pierres du pont.

—  Robert, l’imprudent, le fou  ! Tenez-le, Brandal, il va tomber  !

En même temps Mariette accourue l’empoignait par sa cape et lui criait  : « Mais lâche-la, lâche-la donc  ! vite, vite  ! on vient  !   »

Les doigts nerveux de Robert ne desserraient pas leur étreinte, et, quoi qu’il en eût, il ne pouvait jeter l’encombrant bagage qui collait à sa main crispée  ; il s’y sentait rivé, attaché par de forts liens. C’était quelque chose d’humain qui tenait à sa chair, un peu