Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/263

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tournoyante, pénétrée, noyée et toujours fulgurante comme les serpentins de la rive. Elle alla se mêler aux épaves, aux chairs mortes, aux boues de Paris, à l’eau des ruisseaux, à toutes les vases.


Il s’était redressé, reprenait pied, s’expliquait avec humeur en paroles brèves, un peu altérées et comme suffoquées. Il avait voulu voir où il jetait la valise… c’était bien naturel… il n’allait pas la lancer à l’aveuglette sur une pile du pont… Pourquoi ces frayeurs, ces étreintes, ces nerfs  ?

Mais visiblement il était encore étourdi. Il se passa la main sur le front comme pour en chasser un vertige. La racine des cheveux lui faisait mal. Il avait senti passer sur son visage le souffle de l’abîme.

—  Partons, dit-il, en serrant la main de Brandal, j’ai besoin de marcher.

—  Nous avons bien gagné un bock et une choucroute, dit Mariette, en le ramenant sans transition aux appétits naturels. Et elle se frôla contre lui, prit son bras, lia sa marche à la sienne. Elle attestait sa victoire. Cela n’avait pas tardé.