Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/267

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À ce moment toutes les misères sociales pesaient moins lourdement sur lui que la petite main de Laure appuyée au bras d’un autre.

M. Vignon accompagnait sa fille, en redingote provinciale, le cou serré d’une haute cravate blanche, mais toujours fidèle à son feutre que ses cheveux bouffants argentaient de deux ailes. Il se distinguait encore du public abonné par une espèce de gêne et de timidité non sans finesse  ; on le sentait hors de chez soi, loin de son milieu, dépaysé, presque inquiet  ; ses petits yeux vifs, habitués à considérer les choses de haut, dansaient sur cette foule étrangère sans savoir où se poser. Le premier il aperçut Robert, Brandal et Mariette. Son embarras redoubla  : fâcheuse rencontre  !

—  Si nous partions, dit Mariette. Meyrargues à l’air d’être en famille.

Robert sentit au cœur la pointe de ce mot.

Mariette le regarda, vit son trouble et devina l’intrigue. Alors elle fut admirable : de la façon la plus naturelle, elle pria Brandal de lui boutonner son gant.

Cependant Laure Vignon venait de reconnaître