Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/280

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mais à qui la faute ? Il semble vraiment que ce sujet de conversation soit le seul où l’on puisse nous plaire. Eh bien, je vous déclare très simplement que l’amour-passion ne me touche guère et que le mariage m’apparaît comme une insupportable association. Dès que vous n’êtes plus personnellement en cause, cette manière de voir ne saurait vous surprendre ou vous blesser. Naguère voua professiez des sentiments célibataires.

— Vous m’en fîtes rougir.

— Êtes-vous amusant !

— Voyons, Laure, réfléchissez… Votre résolution n’est pas définitive.

— Très arrêtée et réfléchie. Je laisse à d’autres le soin de continuer ce monde.

— Quelle méchante plaisanterie ! Ce n’est pas le fond de votre pensée.

— Un mot de plus, puisque vous le voulez : si j’avais dû céder ce serait déjà fait.

Meyrargues avait compris ; il hésitait, cherchait une expression insinuante.

— Vous auriez uni votre existence, votre destinée à la sienne ?

— Nous sommes ainsi portées à nous exagérer