Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/283

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un traitement énergique et sans danger pour vous. Vous l’avez lancé dans l’action ; vous avez obtenu de lui qu’il quittât Paris, qu’il allât se mêler à cette grève de Toulon. Qu’en est-il résulté ?

— Il m’écrit souvent.

— Et ses lettres ?

— Insignifiantes : des notations, une curiosité hésitante et comme désabusée. La grève finie, j’ai voulu que Robert restât quelque temps encore dans le Midi. Je crois que cela lui fera du bien, le changera. L’air des cités ouvrières ne lui vaut rien. Il y respire de la mort.

— Bon camarade !

— Maintenant il doit guérir, et pour cela se libérer entièrement du lien social, dépasser la période de révolte, rejeter les délires moraux, conclure à l’inutilité du sacrifice et trouver en lui-même son centre de gravité. Il s’humanisera en se détachant des hommes. Les potions philanthropiques l’auraient tué.

— Mais, docteur noir, s’il guérit, vivra-t-il ? L’oxygène se fait rare sous votre système. Vous prêchez l’abstention, l’éloignement, la