Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/291

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les hautes bâtisses et les arbres de l’avenue aux écorces à peine soulevées. L’heure était cendreuse ; aux arêtes des toits palpitaient des irisations suaves ; une gaze orangée, avec des oppositions de turquoise dans les fonds, enveloppait l’Arc de Triomphe. Cependant la bise aigrelette fraîchissait sur les nuques, caressait, pénétrait les chairs des femmes d’une couperose printanière.

Un double courant emportait les promeneurs, dégageant le charme urbain des allées et venues rythmées, la puissance des glissantes coulées de foule. Et c’était, de l’un à l’autre défilé, une alternance de pas comptés, des fatuités et des grâces, des élégances de tailleurs et de couturières, de la distinction et du flafla, des choses à dévisager.

Quel cinématographe eût noté ces vivacités et ces atonies au fond des yeux sourcilleux, ces lèvres d’anémie ou de gourmandise, ces nez flaireurs ou résignés, ces moustaches nigaudes, impertinentes ou félines — quelques-unes si drôlement troussées !  — et ces mentons d’acteurs, ou de courtisanes, arrogants ou fuyants, ces mentons barbus importants, soignés, ces faces