Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/292

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mal dégauchies ; et ces fins ovales poudrerisés d’une pulpe savoureuse : tous les masques !

Les flâneurs du beau dimanche s’estimaient en passant à des balances capricieuses. Des âmes cuirassées, corsetées, harnachées, des âmes affaissées ou pimpantes, des âmes de parfums et de dentelles se devinaient, s’accrochaient, se repoussaient ; des toilettes s’inspectaient, se classaient, s’isolaient dans le luxe ou l’indigence.

Et cela s’agitait, vivait, durait, devenait à la réflexion une chose fatale, roulant depuis des temps, et qui ne devait plus s’arrêter. Et c’était la circulation vitale, le gonflement du cœur de Paris, palpitant, ingénu, soulevé, offert dans un pli de foule, comme le battement des seins après la danse dans une échancrure de corsage.

Mais ces promeneurs de hasard, éloquents, pittoresques et faisant masse, qu’étaient-ils pris isolément ? qu’étaient-ils surtout à leurs yeux réciproques ? En vérité, des apparences des jeux de miroir ou de vitrine, des ombres projetées sur l’écran visuel, des images, des illustrations, des idées.