Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/318

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manche nu de parapluie, tendait le cou vers les petits blancs crasseux ; une Italienne au foulard vert équilibrait sur sa tête une corbeille de lessive et passait comme dans Homère ; un cordier étirait ses chanvres sous les palmiers ; des pêcheurs séchaient leurs traînes sur le galet de la plage. Voilà, me disais-je, la vie éternelle ! — une vie latine qui m’était neuve. De blanches mouettes au bec vorace se balançaient, se poursuivaient, s’envolaient et se posaient par bandes, dessinant des courbes fantasques, égratignant la mer plane d’un coup d’aile au hasard de leurs arabesques. Le soleil me pénétrait d’une sensation égoïste de bain. J’écoutais les piailleries des marmailles saines et leurs rondes mêlées aux cris des mouettes. Une brise saline, légère, aromatique, gonflait ma poitrine.

« Imaginez cela, vous serez avec moi… J’avais honte de mon bonheur.

« Écrivez.

« ROBERT. »


« Nice, 15 mars.

« Cher,

« Excusez mon silence : je deviens si résigné… Il faudra