Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/323

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sans doute, car une malignité endémique enfiévrait en réalité le sanatorium universel.


Robert s’y soignait aussi.

Sur la jetée, de deux à trois, le ciment tiède veloutait sa marche au long du quai célèbre où fraternisaient des races hautaines, dans la douceur et le pessimisme des affections lentes. Les chaises et les doubles bancs s’emplissaient d’une foule aux jolies coiffures, aux étoffes soyeuses, caquetante, alanguie. Les équipages et les fauteuils roulants stationnaient devant le kiosque à musique. C’était l’heure des journaux et du baromètre.

Au bord du flot vibrant, dans le souffle d’Afrique avivant les pommettes d’une santé artificielle, passait le défilé des élégances de cire aux veines délicates sous l’abat-jour des soies fleuries ; des luxes vrais et meurtris s’y frôlaient ; et sans doute aussi des fourrures trop russes, des bagues brésiliennes, des escarpins levantins, la quincaillerie dorée des filles belges et viennoises aux lèvres mouillées de fard, aux chignons maïs tordus en conque : une agréable foire.