Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/324

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En contraste à cet apparat, le vieux Nice offrait ses tuiles brûlées et ses pierres blanches : à l’embouchure du tortueux Paillon, la petite rivière clownesque sautillante jusqu’aux galets de la grève, des bugadières troublaient l’eau de leurs lessives.

Robert s’arrêtait à les regarder.

Les vieilles aux têtes latines nouées d’un mouchoir sous le menton, les jeunes aux dents fraîches, aux yeux curieux, lointains, d’une autre caste. Elles offraient aux promeneurs lustrés le spectacle pittoresque de leur servitude. Accroupies dans leurs cassettes, elles essoraient les dessous de dentelles, battaient les draps de toile fine, faisaient mousser sous leur poing des sueurs privilégiées.

Mais une victoire éclatait aussi dans leurs cheveux roux quand elles levaient les linges nitides dans le déclin du soleil. Alors, la taille redressée, les fesses aux talons, les seins en poupe, elles avaient aussi des lignes, et leur peau de fruit doré trouait la misère de leurs loques.

Des mioches cabriolaient sur le talus du quai géométrique.

Plus loin, devant le portique de la poissonnerie,